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Protéger les femmes ou les respecter ?
Chaque civilisation se reconnaît à la manière dont elle gère les relations entre ses membres. Les relations entre hommes et femmes sont parmi les caractéristiques d'un modèle civilisationnel. De ces relations dépend la survie du groupe et la perpétuation de ses moeurs. Il importe en particulier que les femmes, objet de convoitise sexuelle, n'aient pas à souffrir de la violence masculine et puissent s'épanouir dans leur vocation d'amante et de mère.
À cet impératif, la plupart des civilisations de la Méditerranée et du Moyen-Orient, de l'Antiquité à nos jours, ont répondu d'un mot : protéger ! Il faut protéger les filles et les femmes, les mettre à l'abri des prédateurs et des étrangers, veiller à ce qu'elles bénéficient d'un protecteur autoritaire et vigilant en la personne de leur père ou de leur époux. C'est ainsi que s'est mis en place un ensemble de codes et de lois tout entier orientés dans ce sens : le voile et l'enfermement (gynécée, harem) pour les femmes honorables, le mariage précoce arrangé par les parents (il ne s'agit pas que la jeune fille tombe sous l'emprise d'un quelconque séducteur), la dot qui fait du mari le propriétaire de fait de la femme et son protecteur attritré, la faculté de répudiation qui sanctionne les fautives, etc.
Et puis, par un fait extraordinaire, dès avant l'An Mil, au point de rencontre du monde méditerranéen et du monde germanique, réputé plus libéral à l'égard de la gent féminine, une autre réponse est apparue à la difficile gestion des relations hommes-femmes : respecter ! Il faut apprendre aux hommes à respecter leur mère mais aussi leurs filles, leur épouse et toutes les femmes de la création. Il faut sanctionner pénalement et surtout réprouver socialement toutes les attitudes irrespectueuses ou violentes. Il faut dans le même temps valoriser toutes les attitudes de bienveillance par lesquelles la force physique de l'homme s'incline devant la faiblesse supposée de la femme.
La chrétienté occidentale a alors ébauché tout un corpus de lois et de préceptes qui ont peu à peu imprégné les consciences. L'Église a imposé le mariage monogamique, indissoluble, entre adultes consentants. Elle a interdit la répudiation et le divorce. L'aristocratie guerrière a elle-même contenu sa violence en cultivant l'amour courtois. Les chevaliers se sont fait gloire de rendre hommage à une femme, vierge ou mieux encore mariée. Ces bonnes manières se sont diffusées dans toute la société sous la forme de la galanterie. Les femmes ont pu ainsi mener une vie sociale quasiment libre de toute contrainte et cultiver la séduction sans avoir à craindre l'agression ou le rejet.
Aujourd'hui, en Europe, on observe la difficulté de cohabitation entre des groupes humains qui relèvent de pratiques civilisationnelles opposées. Les hommes venus d'ailleurs et auxquels on n'a jamais enseigné à respecter les femmes ne peuvent comprendre que celles-ci soient libres et sans protection.
Publié ou mis à jour le : 2021-12-17 18:56:35