Le blog de Joseph Savès
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L'État comme arbitre de l'économie de marché

La « main invisible » d'Adam Smith est toujours d’actualité


L’économiste Adam Smith qualifie de « main invisible » la force qui permet à chacun de servir l’intérêt général en suivant tout bonnement son intérêt personnel. Cette force peut être bien ou mal orientée ; c’est selon les choix des gouvernants...

Il n'y a pas de société qui ne soit politique. Tous nos comportements et tous nos choix, y compris les plus ténus, sont orientés sans que nous en ayons conscience par les choix collectifs exprimés par nos représentants et nos gouvernants. Ces orientations prennent forme par l'impôt. Selon qu'il se fait léger ou lourd, il encourage ou décourage telle et telle consommations et dessine la société souhaitable. Ensuite, c'est de manière très naturelle et sans même y penser que les acteurs du marché, guidés par leur intérêt personnel, vont s'engager dans la direction désignée.

Gestion étatiste :

Malheureusement, ces banalités sont ignorées de nos gouvernants, lesquels privilégient une gestion étatiste de l'économie et des problèmes sociaux :

On réoriente les flux monétaires par voie d’autorité, c’est-à-dire que l’on prend de l’argent là où il paraît le moins utile pour le placer là où il paraît le plus utile. Cette façon-là est très prisée des gouvernements français, qu’ils soient de droite ou de gauche. C’est même la seule qu’ils connaissent. Pour lui conférer du prestige, ils ont coutume de la placer sous le patronage de l’économiste John Meynard Keynes (mort en 1946).

• Il y a le keynésianisme de gauche : on prend de l’argent « aux riches et aux patrons », sous forme de taxes, on complète avec des dotations d’État sous forme d’endettement et l’on redistribue le tout aux classes populaires sous forme d’augmentation des minimas sociaux. On se justifie en arguant que cela aura l’effet de « doper » la consommation, donc la production, la croissance, les recettes fiscales etc.

• Il y a le keynésianisme de droite : même chose sauf que cette fois, on donne de l’argent aux « épargnants », sous forme d’exemptions fiscales et de baisses d’impôt, autrement dit un endettement accru de l’État. On se justifie en arguant que cela aura l’effet de « doper » l’investissement, donc la production, la croissance, les recettes fiscales etc.

Dans une économie ouverte sur le monde, la première pratique conduit à augmenter les importations de produits à bas coût, au détriment de la balance commerciale, la seconde se solde par des achats spéculatifs, voire des placements à l’étranger…

Gestion libérale :

La seconde façon de gouverner est de faire appel à « la main invisible » d’Adam Smith et des libéraux du Siècle des Lumières.

Notons tout de suite que ce libéralisme-là, tempéré et moral, est aussi éloigné de l’ultralibéralisme contemporain que la social-démocratie scandinave du socialisme marxiste-léniniste. La « main invisible », c’est l’idée que chacun, sous toutes les latitudes et dans toutes les couches de la société, est guidé par son  intérêt personnel. Toute l’habileté du gouvernement est d’édicter des règles et des lois telles que la somme des intérêts personnels soient conformes à l’intérêt général (disparition de la misère, réduction des inégalités sociales, réduction des pathologies sociales telles que l’insécurité, amélioration du bien-être et élévation de l’espérance de vie).

Comment procède-t-on ? Chacun a l’objectif de développer ses aptitudes et de s’épanouir en usant au mieux de l’environnement où il se trouve. Tel homme, doué pour les affaires et avide de s’enrichir, s’il est en Afrique, comprend vite que son intérêt est de se hisser dans la haute fonction publique et de pomper à son profit l’argent de la corruption (bénéfice nul pour la collectivité) ; s’il est en Californie, il monte une entreprise de haute technologie (bénéfice maximal pour la collectivité). Voilà, à travers ces deux extrêmes, comment l’État peut orienter en  bien  ou en mal les comportements des individus.

À l’opposé de l’étatisme, qui traite les problèmes par des cataplasmes (subventions, aides fiscales…) ou contrainte (sanctions…), la « main invisible » identifie le facteur malfaisant, celui qui oriente les individus dans un sens contraire à l’intérêt général ; elle supprime ce facteur et lui substitue un facteur bienfaisant qui mettra les intérêts particuliers en conformité avec l’intérêt général. Bien gérée, la « main invisible » débouche sur moins d’État, autrement dit moins de sanctions ou de contraintes, chacun ayant naturellement intérêt à se conformer au droit. On peut s’amuser dans tous les problèmes conjoncturels à identifier les facteurs malfaisant et bienfaisant.

Ainsi, en taxant plus fortement les énergies fossiles, l'État pourrait inviter chacun,  producteur et consommateur, à choisir des solutions plus économes en énergie.

Notons que nous sommes sur une pente contraire car, depuis cinquante ans, le prix des énergies a diminué de moitié en monnaie courante tandis que les transports publics ont vu leur prix flamber.

En valorisant les terres agricoles en versant chaque année à ceux qui les travaillent une allocation proportionnée à leur surface, l'État pourrait encourager l'agriculture raisonnée, freine la destruction des terres arables et encourager la densification des villes...

Est-il besoin de noter que la pente actuelle est à l'exact opposé de celle-là, avec des aides proportionnés à la production, qui encouragent le recours massif aux produits phytosanitaires et d’autre part font baisser la valeur des terres agricoles et incitent à les urbaniser de toutes les manières possibles.

Publié ou mis à jour le : 2019-06-09 22:53:11