Le blog de Joseph Savès
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Le dossier d'nosutopies.fr

Souverainisme, nationalisme, néolibéralisme

L'individu contre la politique


Apparu dans les années 1980, le néolibéralisme impose la dictature du profit avec une seule injonction : « Tout est permis, tout se vend ». Dans ce combat contre toute forme de régulation étatique, il bénéficie du soutien de l'extrême-gauche libertaire...

Le souverainisme est à proprement parler la quintessence de la démocratie et l'exact opposé du nationalisme. Il vise à préserver, renforcer ou restaurer la souveraineté du peuple. Il exprime la dimension supérieure de la démocratie selon la définition de Jean-Jacques Rousseau qui place le Peuple Souverain au-dessus de tout, ce qui implique une stricte indépendance nationale.

Le nationalisme exalte la Nation et la veut la plus grande possible, ce qui implique des guerres de conquête. En cela le nationalisme ne peut être démocratique car il n'est pas possible par définition de faire cohabiter comme citoyens égaux entre eux des dominants-conquérants et des dominés-conquis. Si le nationalisme demeure vivant en Asie, dans la Turquie d'Erdogan, l'Inde de Modi ou encore la Chine de Xi Jinping, il ne l'est plus guère en Europe où il a été disqualifié par le nazisme.

La nouvelle idéologie dominante du Vieux Continent, que l'on peut qualifier faute de mieux de néolibéralisme, est un avatar improbable de la démocratie. Celle-ci encadrait la liberté individuelle par la loi, expression de  la souveraineté populaire. Rien de tel avec le néolibéralisme qui revendique une liberté individuelle absolue, dans une improbable conjonction du libertarisme d'extrême-gauche et du capitalisme financier, sous le mot d'ordre : « Tout est permis, tout se vend ».

Cette chimère libertaire-néolibérale débouche sans surprise sur un monstrueux paradoxe, à savoir que l'individu se trouve enchaîné aux forces aveugles du profit, condamné à vivre pour travailler, sans autre satisfaction que d'accroître les bénéfices de ses employeurs.

La disparition de la conscience collective va de pair avec la mort de la politique : en nous détournant de la nation et en contestant l'État, autrement dit en repoussant toute forme d'organisation exception faite du secteur marchand, nous ne nous assignons plus de but collectif et nous n'avons évidemment plus aucun motif de débattre sur l'organisation du pouvoir. 

C'est ainsi qu'aujourd'hui, nos engagements se résument à des initiatives vaines et saugrenues, dépourvues de sens, comme une grève des cours par les lycéens pour dénoncer l'inaction de l'État en matière climatique, ou encore des démarches caritatives auprès des sans-domicile et des immigrants clandestins. Dans l'un et l'autre exemples, on se garde de s'interrroger sur les causes de ces malheurs car cela reviendrait à faire de la politique dans le cadre de la démocratie, de l'État et de la Nation, autant de gros mots que rejettent tant l'extrême-gauche libertaire que les néolibéraux. 

Il s'ensuit des désordres affectifs profonds, une difficulté croissante à s'impliquer dans un projet familial, un effondrement démographique des sociétés « développées », la destruction de la biodiversité, le réchauffement climatique etc. Ces maux annoncent la disparition prochaine, sans doute douloureuse, du système néolibéral qui s'est imposé sans frein dans la deuxième moitié du XXe siècle... et des groupes humains qui en sont devenus dépendants.

Publié ou mis à jour le : 2020-07-31 07:50:47