Le blog de Joseph Savès
Herodote Facebook Herodote Twitter Herodote Youtube
>> Le protectionnisme comme une arme de guerre
Le dossier d'nosutopies.fr

Le protectionnisme comme une arme de guerre

L'Axe Bruxelles-Tokyo contre le Brexit et Trump


Bruxelles abolit les barrières douanières avec le Japon mais se dispose à les rétablir avec le Royaume-Uni !...

Dans le même temps où l'on se prépare à rétablir des barrières douanières dans la Manche et en Irlande, voilà qu'avec l'entrée en vigueur du JEFTA le 1er février 2019, Bruxelles se félicite d'instaurer une zone de libre-échange entre l'UE et le Japon, jusqu'à supprimer toutes les formalités douanières avec l'archipel nippon.

Si les Européens avaient été cohérents avec leur pratique libre-échangiste et soucieux de l'intérêt général, ils auraient maintenu la libre circulation des marchandises avec la Grande-Bretagne comme avec le Canada et le Japon ! Ainsi le Brexit aurait-il pu s'effectuer sans crise et dans le maintien de liens commerciaux préférentiels entre les îles britanniques et le Continent. Au lieu de cela, Bruxelles a sciemment préféré assumé une guerre commerciale avec Londres.

On peut s'étonner de la différence de traitement entre un grand pays européen qui a toujours été à l'avant-garde de la démocratie et de la civilisation européenne et un grand pays asiatique également porteur d'une immense civilisation mais très éloigné de l'Europe par la géographie mais aussi les valeurs et l'Histoire. On a aussi une étrange impression de déjà vu avec cet Axe Bruxelles-Tokyo dominé par l'Allemagne, destiné à faire pièce aux Anglo-Saxons (Royaume-Uni et États-Unis) tout en maintenant à distance Moscou...

Mais ne faisons pas de mauvais esprit, l'affaire est déjà assez grave comme cela. Si Jean-Claude Juncker, Donald Tusk et Michel Barnier sont prêts à abolir les barrières douanières avec tous les pays du monde et à les rétablir avec le Royaume-Uni, la raison est limpide : ils veulent montrer aux Anglais et aux Européens qui seraient tentés de les imiter ce qu'il en coûte de vouloir quitter l'UE ! En cela, l'Union européenne, de moins en moins démocratique, se rapproche de la Russie tsariste que l'on surnommait la « prison des peuples ». Malheureux qui entrez ici, perdez toute espérance...

Libre échange et souveraineté monétaire

Revenons à l'accord douanier entre Bruxelles et Tokyo. Il révèle une réalité économique dont cependant nos dirigeants et nos éminents économistes n'ont pas pris conscience tant ils sont enfermés dans leurs préjugés du début du XXe siècle : les barrières douanières ne servent pratiquement plus à rien dès lors que les différents États disposent d'une autonomie monétaire.

Que peut-il se passer en effet en l'absence de barrières douanières ?

Pour une raison ou une autre, L'État A achète à l'État B beaucoup plus qu'il ne lui vend.

Les exportateurs de B étant payés avec la monnaie de A, et vice-versa, les uns et les autres n'ont que faire d'une devise étrangère qu'ils ne peuvent dépenser dans leur pays. Ils vont donc les échanger l'une contre l'autre.

Les exportateurs de B ayant reçu en valeur beaucoup plus que les exportateurs de A, ils ont le choix soit de conserver de la monnaie de A dont ils n'ont que faire, soit d'accepter de tout échanger en consentant un taux de change moins favorable.

Ainsi la monnaie de A se trouve-t-elle dévaluée. Il s'ensuit des prix plus attractifs sur les produits de A, une augmentation des exportations vers B et un rééquilibrage des échanges commerciaux !

Ainsi, par l'ajustement des taux de change, les monnaies maintiennent les échanges commerciaux à l'équilibre. Aucun État, dès lors qu'il a une monnaie souveraine, n'a à craindre de déficit structurel ou permanent. C'est ce qui rend possible l'accord douanier entre Japon et Union européenne...

Publié ou mis à jour le : 2019-06-10 18:54:22