Le blog de Joseph Savès
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Besoins et opportunités

Livre 2 : Besoins et opportunités

Chapitre 3 - Ressources


Fonctions et énergie

Les fonctions ont en permanence besoin d'énergie et de nutriments pour maintenir leur niveau d'activité ou le porter au niveau requis par le compromis longévité/plénitude. Plus l'individu a un compromis ambitieux, plus il sollicite les fonctions. Plus elles sont actives, plus elles dissipent d'énergie. Même lorsqu'elles ne sont pas activement sollicitées, les fonctions se tiennent en état de veille et dissipent peu ou prou d'énergie, faute de quoi elles s'atrophieraient  ; c'est en permanence que l'organisme "brûle" des calories tant du fait de son métabolisme physique que de son activité cérébrale et sensitive.

Energie, nutriments et sensations

La réponse à une tension consiste soit en l'absorption d'énergie et de nutriments, par le biais de l'alimentation et de la respiration, soit en la stimulation de la fonction correspondante.

De quoi se nourrit l'activité des fonctions ? — D'énergie. De quoi les fonctions ont-elles besoin pour maintenir ou accroître leur niveau d'activité ? — D'énergie. C'est l'alimentation qui l'apporte à l'organisme. Elle est stockée dans l'organisme et consommée par les fonctions musculaires, neuro-cérébrales ou sensitives sous forme d'énergie chimique. Elle est dissipée par l'organisme sous forme calorique. L'alimentation et la respiration pourvoient aussi l'organisme en nutriments inertes tels que l'eau, l'oxygène ou les sels minéraux, qui servent de support à l'énergie et d'éléments bâtisseurs du corps.

L'énergie peut faire défaut aux fonctions simplement parce que l'organisme n'est pas alimenté comme il se doit. Elle peut aussi leur faire défaut parce qu'elles ne sont pas en situation de transformer leur énergie potentielle en énergie active. L'individu y remédie par une stimulation des fonctions en cause. Il cherche des sensations qui vont précisément exciter les fonctions sous-activées, les réveiller et les amener à jouer un rôle conforme aux exigences du compromis longévité/plénitude. Les sensations d'origine externe sont analogues à des stimulus au sens pavlovien ou behavioriste, à cette différence près, capitale, qu'elles ne sont pas subies par le sujet mais recherchées sciemment en raison de leur effet sélectif sur telle et telle fonctions. L'entraînement physique, la fréquentation des spectacles et des livres, la quête de rencontres,… témoignent de ce besoin de sensations propres à stimuler l'organisme et activer les fonctions au-delà de leur situation effective.

Définition des ressources

Je désigne par le terme générique de ressource l'énergie et les nutriments qu'une fonction peut être amenée à absorber, transformer, transmettre à une autre fonction ou dissiper à l'extérieur de l'organisme. J'inclus également parmi les ressources les sensations extérieures qui permettent de stimuler une fonction et d'élever son niveau d'activité.

Les ressources grâce auxquelles les fonctions pourvoient à leurs besoins sont disponibles sous d'innombrables formes, selon leur nature, leur mode de transformation et leur destination : énergie fossile, énergie chimique, énergie musculaire, énergie neuro-cérébrale, nutriments, etc. Elles partagent la caractéristique de ne jamais servir deux fois (les flux vont toujours dans le même sens).

Elles sont de nature différente selon les fonctions auxquelles elles se destinent. Le confort thermique et l'alimentation ont besoin tous deux de calories, mais ce n'est pas des mêmes calories qu'il s'agit: les premières proviennent de la combustion directe d'énergie fossile, les secondes de la transformation par photosynthèse de l'énergie solaire. Les premières sont transmises par le chauffage, les secondes par les aliments. Chauffage et aliments n'ont rien à voir l'une avec l'autre de par leurs utilités.

Les ressources se regroupent sous trois catégories:

1) Les ressources environnementales ou primaires:

Ce sont les ressources extérieures où le sujet puise l'énergie et les nutriments indispensables à son maintien en vie. Les ressources primaires, que d'aucuns appellent externalités, désignent toutes les richesses du milieu naturel, qu'il s'agisse de l'air, du sol, des ressources fossiles du sous-sol ou du royaume des eaux. Certaines sont directement assimilables par les êtres vivants en l'état, comme l'air ou l'eau, d'autres nécessitent une transformation plus ou moins élaborée pour répondre aux besoins humains.

Une observation rapide semble montrer que les ressources environnementales procurent ordinairement plusieurs satisfactions, parfois en simultané. Ressource aussi commune que vitale, l'eau ne sert pas à la résorption d'un unique besoin, en l'occurrence la soif. Elle contribue aussi à la toilette corporelle. Elle est indispensable aux joies de la natation et du bain. Sans parler de sa fonction dans l'agriculture et l'industrie.

Par une extension de sens, l'argent, qui permet à chacun d'acquérir et d'exploiter les ressources de son choix, mérite son appellation usuelle de ressource monétaire.

2) Les ressources sensitives:

La stimulation des fonctions passe par les sens. Elle fait appel aux ressources sensitives. Le sujet ne vit pas dans l'attente passive des stimulus de l'environnement mais il va au-devant de ceux qui lui paraissent nécessaires à l'activité de ses fonctions et à l'effacement de ses besoins. Le cinéma et le théâtre ont ainsi pour vocation délibérée de tenir en éveil ou de réveiller les réseaux neuronaux liés aux émotions. La pratique du sport a, elle, pour vocation de solliciter les capacités musculaires et de cultiver certaines facultés de concentration mentale…

3) Les ressources personnelles:

Les ressources environnementales sont transformées et assimilées par l'organisme. Elles sont stockées dans les cellules et deviennent autant de ressources personnelles à la disposition exclusive des fonctions qui ne peuvent pas puiser en instantané à l'extérieur l'énergie propre à nourrir leur activité. La nourriture, ressource environnementale par excellence, est transformée par les fonctions digestives en éléments nutritifs que transporte le plasma du sang à l'ensemble du corps. Ces éléments nutrififs constituent autant de ressources personnelles à l'usage des fonctions physiologiques. De même, l'oxygène atmosphérique est transmis par les poumons aux globules rouges et se transforme ainsi en ressource individuelle, dont la disponibilité est indépendante de l'environnement externe. Selon les fonctions auxquelles elles se destinent, les ressources environnementales sont transformées plus ou moins sommairement, depuis celles qui nourrissent les muscles jusqu'à celles qui nourrissent les cellules neuro-cérébrales.

Sont également transformées et stockées à leur manière les ressources sensitives. Elles sont stockées non sous forme d'énergie potentielle ou de nutriments mais sous forme d'informations. La mémoire et le savoir-faire sont des ressources personnelles d'origine sensitive, que le système neuro-cérébral conserve sous la forme d'agencements spécifiques de molécules et de neurones. Elles permettent en particulier de répondre à des tensions cycliques par des quasi-automatismes et épargnent à l'individu les affres de l'analyse.

Consommation

« Le marchand de poisson fait passer le poisson des endroits où il a peu d'utilité à ceux où il en a une plus grande, et le pêcheur ne fait pas davantage » (Alfred Marshall, Principes d'économie politique).

La part d'une ressource qui est affectée au comblement d'un besoin mérite d'être appelée consommation. Le verbe consommer associé au substantif a le mérite de signifier par son étymologie (faire la somme) que les ressources environnementales, sensitives et personnelles ne resservent pas en l'état ; elles sont additionnées et irréversiblement transformées en une substance autre de sorte qu'elles aboutissent à un niveau d'énergie dégradé. Mon footing hebdomadaire est consommateur de ressources personnelles du fait des calories qu'il puise dans l'organisme pour les brûler. Mon travail est consommateur de ressources personnelles mais aussi environnementales, en raison du papier sur lequel j'écris et du micro-ordinateur dont je me sers, et sensitives, en raison des textes que je lis et enregistre.

Le plus souvent, les ressources extérieures, environnementales et sensitives, ne sont pas consommables en l'état. Elles nécessitent d'être préalablement transformées par un enchaînement d'actions adéquates, soit en artefacts, soit en services, soit encore en produits mixtes:

1) Artefacts:

Pour que les ressources environnementales soient correctement assimilées, l'homme fait volontiers appel à des artefacts. Les artefacts (ou biens matériels) désignent les créations humaines qui facilitent l'assimilation des ressources primaires propres à activer les fonctions: l'étal de fruits et légumes, pour le besoin de nourriture, mais aussi les parpaings et le ciment pour le besoin de confort domestique et les livres pour le besoin d'instruction.

2) Services:

Pour stimuler au mieux ses fonctions, l'homme ne se satisfait pas des sensations que lui procure la nature. Il cultive dans le cadre social des sources de sensations spécifiques qui contribuent à mieux activer ses fonctions. Ces services font appel à l'intervention d'autrui. C'est autrui qui produit ou transmet des informations utiles au comblement des besoins: enseignement, spectacles, administration et commandement, etc.

La réalité ne se plie guère à cette classification. Il n'est guère de réponse à une tension qui ne mette en œuvre des ressources de toutes les espèces. Il n'est guère d'artefact dont la consommation ne réclame l'intervention d'autrui, dans le cadre du transport et de la vente par exemple. Il n'est guère de service dont la consommation ne réclame d'artefact, qu'il s'agisse d'un papier administratif, d'un ticket de cinéma ou de l'électricité qui alimente le poste de télévision.

Ressources en danger de monopole

La sur-vie de chacun dépend des ressources environnementales, consommées en l'état ou sous forme d'artefacts. D'après la théorie des besoins, leur consommation repose sur un libre choix conforme au compromis longévité/plénitude. Est-il concevable - ou tolérable - que la disponibilité de ces ressources vitales soit soumise à l'arbitraire de quelques individus tout-puissants ? — Cette éventualité, si elle était avérée, serait en contradiction avec le principe de liberté. Il m'importe donc d'en examiner la véracité pour ce qui concerne tant les ressources primaires que les artefacts:

1) Les ressources primaires:

Consommées en l'état, elles sont suffisamment diffuses pour garantir un libre accès à chacun. La respiration, fonction vitale, repose sur la présence d'air et cette contrainte détermine précisément les limite de l'écoumène. Certaines cultures encouragent l'apprentissage de techniques particulières de respiration (yoga ou autre). Elles ne prétendent rien changer au comblement proprement dit du besoin (le volume d'air nécessité par l'organisme ne varie pas). Simplement, elles agissent sur les ressources personnelles mises en œuvre dans le cadre de la respiration (énergie pulmonaire). Elles réduisent l'usure de l'organisme et libèrent de l'énergie pour d'autres usages.

L'eau, sous sa formule chimique simple (H2O) est la ressource environnementale unique et indispensable grâce à laquelle les humains se désaltèrent: le large éventail des boissons offertes à notre soif par le marché n'enlève rien à cette vérité simple. Toutes les boissons savoureuses mises au point par l'homme sont à base d'eau et d'adjuvants ; l'eau coupant la soif, les adjuvants apportant le goût. Ces derniers comblent un besoin différent de la soif, à savoir la gourmandise.

Respiration et soif sont des besoins vitaux propres à l'ensemble des êtres vivants. Ils ont en commun de n'être comblés que d'une seule façon. Je relève à leur propos trois caractéristiques:

- ces besoins sont comblés grâce à une et une seule ressource (air, eau) ; en cela, ils méritent d'être baptisés besoins mono-ressource,

- dans tous les endroits habités par l'homme, les ressources correspondantes sont accessibles sans intermédiaire ; en sens inverse, il est à noter que ce qui délimite précisément l'écoumène est le libre accès de tous à l'air et à l'eau ; dans le désert ou dans l'espace, là où  ces ressources font par nature défaut, les hommes ne s'aventurent qu'au prix d'un risque calculé.

La deuxième caractéristique est susceptible d'être contredite en ce qui concerne l'eau, dont l'épuration constitue un marché important dans les pays industrialisés, sans parler de la vente en bouteilles ou par porteur. L'eau est la seule ressource de ce type dont la distribution fasse aujourd'hui l'objet d'un commerce: les citadins paient pour consommer l'eau du réseau public ou l'eau en bouteilles. Mais ils pourraient en théorie se passer de ces dispositifs et utiliser l'eau qui leur offerte par la nature, soit en creusant un puits, soit en collectant l'eau de pluie ; ces techniques, pas vraiment pratiques, sont néanmoins fréquentes dans les campagnes et dans les villes des pays pauvres…

À la réflexion, ce que paient les citadins en s'abonnant à un réseau ou en achetant des bouteilles, ce n'est pas l'eau à proprement parler, puisqu'ils pourraient toujours en trouver par leurs propres moyens, mais les commodités offertes par le service  ; en particulier la suppression des contraintes telles que d'aller chercher l'eau au puits ou à la fontaine et d'avoir à la porter et à la stocker, et l'assurance de boire une eau potable.

Rien n'interdit de penser que le principe d'une distribution organisée s'étende un jour à la consommation d'air, dans les colonies de l'espace. L'air sera alors distribué par réseau comme, aujourd'hui, l'eau dans nos villes, avec en prime des adjuvants offrant au choix un parfum de lavande ou la fraîcheur des Alpes. On sera alors en présence du premier besoin mono-ressource à la merci d'un intermédiaire obligatoire avec droit de vie et de mort sur les assujettis… mais nous n'en sommes pas là. Cette réserve faite, j'en arrive à la troisième caractéristique des besoins mono-ressource :

- les ressources qui leur sont rattachées sont et demeurent gratuites. Il n'est pas impératif de payer pour se procurer les ressources que sont l'eau ou l'air. Il n'y a de paiement et d'échange mercantile que pour les commodités qui leur sont adjointes parfois (la disponibilité de l'eau au robinet par exemple).

Il existe probablement autour de nous d'autres ressources primaires consommables en l'état, comme l'air ou l'eau. Peu importe leur recensement exhaustif. L'important est de convenir que ces ressources échappent au danger de monopole  ; aucun homme ni aucun groupe d'hommes ne peut faire pression sur ses semblables en spéculant sur elles et en usant de l'absence d'alternative.

2) Les artefacts et les services:

Les artefacts, et a fortiori  les services, se présentent des formes suffisamment diversifiées pour offrir à chacun des solutions de rechange en cas d'indisponibilité ponctuelle. Y en aurait-il toutefois dont la détention exclusive par un organisme ou un groupement humain compromettrait le comblement d'un besoin chez les non-détenteurs ? — Passons rapidement sur les secteurs les plus concurrentiels de l'activité économique où, d'évidence, les ressources monopolistiques sont inconnues. Dans les loisirs, l'alimentation ou l'habillement, par exemple, la multitude de producteurs et de distributeurs ainsi que la très grande variété de produits permettent d'éluder le soupçon de monopole. Même si un objet fait l'objet d'une exclusivité de production et de distribution grâce à des protections juridiques ou techniques, aucun besoin n'en souffre car il existe toujours des alternatives. Dans le pire des cas, dans les sociétés en guerre, en crise ou soumises à une planification autoritaire, les habitants savent trouver des alternatives par le troc, le marché noir, l'autoproduction, le soutien familial ou les relations personnelles. Lorsque ces ultimes recours font eux-mêmes défaut, c'est que nous sommes dans des sociétés concentrationnaires ou des prisons, seuls endroits connus où les hommes soient rigoureusement privés de toute faculté de choisir  ; mais ce type de situation nous entraîne au-delà du cadre de cet ouvrage, limité à l'examen du comportement des hommes responsables et libres.

En marge des activités manufacturières ordinaires, la France offre au moins deux exemples de services à prétention monopolistique dans les transports par chemin de fer, confiés à une société d'Etat, et la distribution d'électricité, également confiée à une société d'Etat. Les besoins de déplacement, d'échanges et de communication ne sont pas eux-mêmes affectés par le monopole étatique des transports ferroviaires. De la marche à pied à l'avion, en passant par la bicyclette, l'automobile, l'autocar et j'en passe, les Français disposent d'innombrables solutions de remplacement au chemin de fer. En cas de grève des cheminots, l'expérience montre que le pays et les citoyens savent mettre en œuvre ces solutions et s'en accommodent. Plus ou moins efficientes, elles n'en constituent pas moins des alternatives pour combler le besoin de déplacement. En aucune façon, celui-ci ne dépend du monopole ferroviaire, aussi échappe-il au caractère de besoin mono-ressource.

L'énergie électrique n'est pas, à la différence de l'eau ou de l'air, la ressource exclusive d'un besoin. Elle  concourt à la résorption de plusieurs tensions : se tenir au chaud, communiquer (lire à la lumière électrique, écouter la radio,…), etc. Mais, comme pour l'eau distribuée au robinet ou le chemin de fer, il existe heureusement quelques alternatives : chauffage individuel au bois, au gaz ou à toute autre source d'énergie, générateurs diesel comme dans les pays pauvres dépourvus de réseau public fiable ou comme dans les hôpitaux à la merci d'une panne subite,…

Autre exemple de tentation monopoliste, le contrôle de l'information écrite et audio-visuelle. L'information se rapporte au besoin, chez les citoyens d'une société évoluée, de se tenir en relation avec les autres, de communiquer et de participer à la vie commune. Dans les pays totalitaires où l'information passe par une administration à la discrétion du gouvernement, cette situation, aussi scandaleuse soit-elle, suffit-elle à établir un monopole absolu sur le besoin d'information et à sevrer celui-ci ? — En limitant le volume d'informations, d'autre part en corrigeant leur contenu, elle fait obstacle de toute évidence au besoin d'information. Mais ce besoin, comme tous les autres, apparaît irrépressible et arrive de maintes manières à franchir l'obstacle.

L'expérience prouve fort heureusement qu'aucun régime, aussi dictatorial soit-il, ne maîtrise absolument l'information ni n'arrive à la contrôler. De l'écoute des émissions radio ou télévisées en provenance d'outre-frontière à l'édition clandestine, les citoyens avides de savoir et de communiquer savent contourner le monopole même si leurs moyens sont imparfaits et ne répondent pas à toutes leurs attentes. Le principal dommage qu'ils en éprouvent, c'est que le comblement de leur besoin d'information réclame un surcroît d'énergie et de volonté qui sont ainsi détournées d'autres affectations et ne permettent pas d'élever leur niveau d'ambition.

Ces observations conduisent au double énoncé ci-après:

- les besoins qui font appel à une ressource primaire exclusive, comme l'air ou l'eau, sont comblés sans intermédiaire ; ils échappent au marché et aux pressions qui pourraient résulter de la fourniture des ressources par un producteur ou un groupement de producteurs unique,

- réciproquement, les besoins dont le comblement est susceptible de passer par des intermédiaires peuvent être pourvus à travers divers artefacts au choix, ils échappent au risque d'un monopole absolu.

 


Publié ou mis à jour le : 2018-02-16 00:06:16