Incidence N°3
Sur le statut social des citoyens
En les conduisant à s'affilier à un office de gestion, l'Allocation universelle offre un statut social à tous les membres de la communauté nationale, même s'ils n'ont pas d'emploi régulier.
Lieu de rencontre et de socialisation, l'office de gestion joue auprès des non-salariés un rôle similaire à celui de l'entreprise auprès des salariés. Il mériterait à ce titre le joli nom de « maison de convivance » suggéré par un lecteur...
Chacun est en droit de s’affilier à l’office de gestion de son choix et peut aussi le quitter pour un autre, s’il le souhaite. Cela dit, on peut penser que, pour des raisons pratiques, la plupart des salariés à plein temps vont s'affilier à l’office de gestion de leur employeur principal. Cela ne les empêche pas d’avoir d’autres sources de revenus.
L'essentiel est que les affiliés ne puissent jamais être exclus contre leur gré de leur office de gestion. Même s'il est licencié par son employeur principal, un salarié peut demeurer dans l'office de gestion de celui-ci de façon à conserver un lien avec son milieu professionnel et ses collègues de travail. Il peut aussi continuer de bénéficier du comité d’entreprise et des services de formation de l'entreprise si ces services sont gérés au niveau de l’office de gestion.
Loin d’atomiser la société, l’Allocation universelle pourrait la ressouder en réinsérant chaque citoyen dans un cadre solidaire, accessible et à sa mesure : l’office de gestion ou « maison de convivance » ! Dans un monde hautement instable, où l’emploi à vie a disparu et l’emploi précaire devient la norme, l’office de gestion devient un pôle de stabilité pour tous les affiliés, salariés, indépendants, chômeurs, retraités...
Il peut constituer un lieu d'entraide riche de la réunion de multiples sensibilités et compétences, au sein duquel peuvent se gérer des problèmes aussi divers que le transport, la garde d'enfants, la recherche d'emploi etc. Il y va de l'intérêt des affiliés eux-mêmes comme des gestionnaires de l'office de gestion.
Il peut aussi devenir le lieu où s’expriment les syndicats, de préférence aux lieux de travail. C'est naturel en ce qui concerne les entreprises grandes et moyennes : celles-ci, pour des raisons pratiques, ont intérêt à se doter d'un office de gestion propre qui reprendra leurs activités de ressources humaines et auquel pourront s'affilier tous leurs salariés, du moins ceux qui le souhaitent, ainsi que les anciens salariés, les retraités et les familles. Pour les syndicats, l'entreprise se confondra dans ce cas avec l'office de gestion.
Pour des raisons d'optimisation financière, les petites entreprises ont intérêt, quant à elles, à rallier un office de gestion ordinaire. Mieux encore, elles peuvent créer un office de gestion commun avec d'autres entreprises similaires et non concurrentes. L'office de gestion deviendra dans ce cas un lieu d'échanges pour les dirigeants comme pour les salariés des différentes entreprises. Les syndicats, habituellement réduits à l'impuissance dans les petites entreprises, pourraient retrouver une nouvelle vie.
Parions que les syndicats sauront profiter des offices de gestion pour élargir leur audience aux salariés des petites entreprise et pourquoi pas ? aux non-salariés.
Quel que soit sa nature - entreprise de droit privé, coopérative ou association -, loffice de gestion doit demeurer sous létroit contrôle de ses affiliés. Nous suggérons pour cela un contrôle du même type que celui qui a trait aux copropriétés, avec un conseil élu en assemblée générale et auquel le gestionnaire doit des comptes.
L’engagement syndical peut être favorisé par une disposition simple : le prélèvement par les offices de gestion d'une cotisation sur tous les revenus d'activité (salaires, prestations, honoraires, bénéfices commerciaux et pensions de retraite). Chaque affilié concerné décide de l'affectation de cette cotisation au syndicat de son choix, au sein de l'office de gestion. S'il n'émet pas de voeu, la cotisation est répartie par l'office de gestion entre toutes les cellules syndicales présentes en son sein, au prorata de leurs cotisants.
La cotisation généralisée, assimilable à un « chèque syndical », est susceptible de dynamiser les activités sociales et les actions revendicatives, dans les grandes entreprises comme dans les offices de gestion.
Comme elle est prélevée sur tous les revenus d'activité, elle garantit aux syndicats un financement pérenne et consistant sans qu'il en coûte beaucoup aux cotisants. En contrepartie de ce chèque syndical, les syndicats pourraient accepter de renoncer à la gestion « paritaire » des organismes sociaux. Cette gestion paritaire, coûteuse et inefficace, n’a plus aujourd'hui d’autre finalité que le financement occulte des syndicats, grâce à des détournements qui compensent la maigreur des cotisations volontaires ! Mise en place à la Libération, elle a perdu sa pertinence et sa légitimité du fait de l'intervention de l'État et de la faible représentativité des syndicats eux-mêmes.
Déchargés de la gestion des organismes sociaux qui a peu à voir avec leur mission d'origine, les syndicats pourraient se consacrer pleinement à celle-ci : la défense des salariés.
Publié ou mis à jour le : 2018-11-25 12:01:37