Le blog de Joseph Savès
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Le dossier d'nosutopies.fr

PMA, GPA et quoi encore ?

Contradictions dans le débat sur la PMA


L'opinion publique accueille globalement avec bienveillance l'homoparentalité, autrement dit le droit pour les couples de femmes homosexuelles de se présenter comme les parents officiels des enfants qu'elles auront eus par insémination de donneur anonyme (PMA ou procréation médicale assistée)...

Regardons-y de plus près. Le débat sur la PMA recèle trois contradictions qui en disent long sur les impasses mortifères de notre société post-industrielle...

1• Observons d'abord qu'avec la PMA, il est question de procréation, autrement dit de conception et naissance d’un enfant. N'est-il pas curieux que dans le même temps où une fraction très marginale de la population revendique à cor et à cris le droit à avoir un enfant (note), nos sociétés se détournent massivement de la procréation et de la maternité ?

Avec 1 à 1,5 enfant par femme en moyenne, nous tombons à un niveau de rejet jamais atteint dans l’histoire de l’humanité en temps de paix et cela condamne mathématiquement nos lignées familiales et nos sociétés à disparaître en trois ou quatre générations. 

Voilà une première contradiction qu’il importerait de clarifier : d’un côté un refus massif et collectif de la procréation et de la maternité, de l’autre une revendication d’enfant à tout prix, y compris en violant les conventions sociales et naturelles.

Il y a là un paradoxe que l'on peut expliquer : dans les sociétés traditionnelles et fécondes, les femmes et les couples sans enfant pouvaient reporter leur affection sur leurs neveux et nièces ; ce n'est plus possible dans une société d'enfants uniques. Cela dit, cette affection pourrait se tourner vers les enfants abandonnés, sous réserve de promouvoir l'adoption simple et le parrainage plutôt que la conception de bébés in vitro...  

2• Cette contradiction en rejoint une autre, relative au mariage des couples homosexuels. Cette revendication est apparue au début du XXIe siècle alors que le mariage entre couples conventionnels devenait largement minoritaire dans nos sociétés.

Aujourd’hui, pour la majorité des garçons et des filles qui se mettent en ménage, le mariage est une convention désuète, inutile et ringarde ! Il est donc contradictoire qu’une institution dédaignée par la jeunesse soit dans le même temps considérée comme une conquête progressiste quand elle s’applique à des couples homosexuels.

Le mariage monogamique et indissoluble a seulement été conçu pour faciliter l'éducation des enfants et consolider le statut de la femme. L'Église catholique elle-même a toujours refusé le divorce pour adultère, faisant peu de cas de celui-ci. Aujourd'hui plus que jamais, l'épanouissement sexuel est complètement dissocié de l'institution matrimoniale et l'on peut se demander pourquoi des couples homosexuels éprouvent le besoin d'en passer par là...

3• Revenons à la PMA. L’expression contient la référence à la médecine. C’est que la PMA nécessite de contourner la nature en faisant appel aux artifices de la médecine et de la science. Cela même alors que nous dénonçons unanimement l’artificialisation de notre mode de vie, avec le recours massif à la chimie et aux pesticides, l’abus de médicaments et d’antibiotiques etc. Voilà une nouvelle contradiction qu’il importerait de dénouer.

L'Argent, valeur ultime de nos cercles néolibéraux-libertaires

L’artificialisation de notre mode de vie et de notre alimentation, avec les menaces gravissimes qu’elle fait peser sur le climat et la biodiversité, est due à la recherche du profit à tout prix et à la prévalence de l’argent sur toutes les autres valeurs sociales et humaines.

L’argent pointe aussi son nez dans la PMA et plus encore dans la GPA ou Gestation par autrui, autrement dit le droit pour les couples d’hommes homosexuels d’acheter les services d’une mère porteuse pour s’offrir un enfant.

Tel animateur homosexuel de la télé se vante d'avoir acheté auprès d'une mère porteuse deux filles pour son « mari » et lui, des demi-soeurs génétiques donc. Coût de la transaction : 250 000 euros. Caprice de riches, exploitation de pauvres.  

On ne peut sérieusement contester d’un côté les méfaits de l’argent sur l’environnement et les équilibres naturels, de l’autre encourager des pratiques plus qu’aucune autre basées sur les inégalités de richesse. Les contradictions et incohérences ci-dessus témoignent de la fragilité des « valeurs » brandies par les cercles d'opinion des métropoles occidentales. Elles doivent être clarifiées et dénouées sauf à faire n’importe quoi au nom de n’importe quoi. On ne peut en particulier revendiquer tout ce que permet l’argent et en même temps souhaiter davantage d’équité entre les êtres humains.

Prenons garde à l’idéologie libertaire-néolibérale du « Tout est permis, tout se vend » . Et rappelons-nous Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » (52e conférence de Notre-Dame, 16 avril 1848).

Vers un nouvel eugénisme

Après le PACS, nous avons eu le « mariage pour tous ». Après cela la PMA et dans la foulée, la GPA. La suite est encore indicible mais prévisible : au « droit à un enfant » succèdera le « droit à un enfant sans défaut », autrement dit la manipulation génétique des embryons, forme aboutie de l’eugénisme. Nous y sommes déjà : aux États-Unis ont lieu des procès suite à la livraison d'un bébé « défectueux » dans le cadre d'une GPA. Et en Chine, les couples manifestent sans état d'âme le souhait d'améliorer les capacités intellectuelles de leurs futurs enfants par des manipulations génétiques. Pour paraphraser Jaurès, la GPA et la PMA portent en elles les manipulations génétiques comme la nuée porte l'orage.

Acharnements thérapeutiques

La PMA et la GPA sont des artifices médicaux destinés à donner des enfants à des couples homosexuels de l’un ou l’autre sexe. À ce titre, elles peuvent être assimilées à un « acharnement thérapeutique », à l’image des techniques médicales destinées à prolonger au-delà du raisonnable la vie de personnes irrémédiablement condamnées...

Dans tous les cas, en effet, la médecine trompe la Nature sans justification évidente. De même que le sursis offert à des malades en fin de vie peut être source de souffrances supplémentaires, de même la « fabrication » d’enfants sans liens génétiques avec un couple homosexuel peut être source de complications éducatives et psychiques. Cela est d’autant plus dommageable qu’il existe des solutions bien plus humaines pour combler le besoin d’amour de ces couples. Elles consistent simplement à adopter ou parrainer des enfants abandonnés par leurs parents naturels.

Ajoutons une autre forme d’acharnement thérapeutique. C’est l’emploi, là aussi, de techniques médicales et chirurgicales très sophistiquées pour changer le sexe d’un homme ou d’une femme. Le changement, de toute façon, demeurera toujours imparfait et artificiel. Il sera même réducteur, la personne perdant la faculté de procréer. On comprend que ce genre de pratique fasse l’affaire des marchands d’illusions. Comme les précédentes, elle est source de gros profits pour les officines qui les mettent en œuvre.
L’existence même de ces pratiques induit aussi un sentiment de culpabilité chez les personnes mal à l’aise avec leur sexe et qui font effort pour s’en accommoder : « Tu es responsable de ce qui t’arrive ! Pourquoi ne saisis-tu pas l’opportunité que nous t’offrons de changer de sexe par la chirurgie ? ».

Cette duplicité est en passe de s’étendre à toutes les formes de handicap ou de mal-être : plutôt que d’aider les intéressés à vivre avec leur trouble de comportement et à s’accepter avec leurs faiblesses, comme tout un chacun, plutôt que d’inviter le corps social à les intégrer en son sein, on diffuse un idéal de perfection et l’on culpabilise tous ceux qui n’y accèdent pas, dès lors qu’ils en auraient la possibilité par le biais de la chirurgie, de la médecine… et du marché. On n’a plus le droit d’avoir une sexualité ambivalente, comme on n’aura bientôt plus le droit d’être laid, gros, chauve, petit, mélancolique, trisomique etc.

Publié ou mis à jour le : 2020-11-05 16:42:58