

L'attentat de trop
Avec la Préfecture de Police, c'est l'État qui est atteint de plein fouet
Le 3 octobre 2019, un employé de la Préfecture de Police de Paris a égorgé quatre fonctionnaires et en a blessé un autre avant d’être lui-même abattu par un policier...
L’enquête a révélé que l’homme est un Martiniquais de 45 ans. Quinze ans plus tôt, il avait été recruté par la Direction du Renseignement comme adjoint administratif pour des tâches d’exécution (catégorie C de la fonction publique) et avait obtenu une habilitation « Secret défense » qui lui donnait accès à des informations en lien avec l’islam radical. Il s’était lui-même converti à l’islam salafiste en 2008 et avait épousé en 2014 une immigrée marocaine mais n’avait jamais été inquiété malgré des signes récurrents de radicalisation.
Ce énième attentat témoigne d’une spectaculaire progression de la menace terroriste à plusieurs titres.
D’abord parce qu’il atteint l’État en frappant au cœur même de l’organisme en charge de la sécurité des citoyens.
Il met aussi en évidence la fragilité des administrations et entreprises publiques (ministères, police, Mairie de Paris, RATP…). Celles-ci ont multiplié les recrutements sans concours au sein des « minorités visibles » avec l’intention louable de favoriser leur intégration sociale. Cette forme de « discrimination positive » a été facilitée par une loi de février 2007 qui a autorisé le recrutement par l’État de fonctionnaires de catégorie C sans concours ni enquête de moralité.
Il s'en est suivi un affaissement de la conscience professionnelle, une vertu impalpable sans laquelle aucune institution ne peut correctement fonctionner. Il s'en est suivi aussi, et tout aussi gravement, une irresponsabilité à tous les échelons. Face aux manquements d'un collègue ou d'un subordonné « de couleur », chacun reste coi. Pas question d'être dénoncé et stigmatisé comme « raciste » dans son service et, pire, sur les réseaux sociaux. D'aucuns profitent de cette immunité pour saboter leur travail et parfois, pire, s'en prendre physiquement à leurs collègues. Les dérives criminelles comme celle de la Préfecture de Police demeurent heureusement rarissimes.
D’un point de vue opérationnel, le criminel de la Préfecture de Police a pu échapper aux portiques de détection de métaux en faisant usage d’un couteau en céramique. On peut dès lors s'interroger sur l'efficacité de ces portiques. C'est une marque d'impuissance que de vouloir fonder la sécurité collective sur des outils technologiques et la surveillance policière. C'est malheureusement aussi la seule issue qui reste quand fait défaut la cohésion sociale et le « désir de vivre ensemble » (n'oublions pas que le mot le plus important dans cette formule d'Ernest Renan est « désir »).
Publié ou mis à jour le : 2020-11-02 15:57:08